Juin, c’est bien !

Il y a cette grosse boule. La terre. Dans l’espace sombre et glacé de l’univers. Elle tourne. Elle tourne sur elle-même, comme si elle voulait me montrer ses plus beaux atours. Elle tourne sur elle-même et elle tourne autour de moi. J’en ai parfois la tête qui tourne à force de la regarder tourner. Alors il m’arrive de la laisser tourner sans la regarder. Je ferme les yeux. Un peu. Juste assez pour ne laisser qu’un léger voile blanc entre elle et moi. Sur la Terre, le plus souvent, les êtres humains n’aiment pas quand je plisse les yeux. Surtout ici, en Islande. Parce qu’ils ont les nuages. Parce que je ne les réchauffe plus pendant de longs mois. Parce qu’ils ne bronzent pas. Parce qu’ils ont mauvaise mine. Parce qu’ils deviennent maussades. A l’exception des enfants qui ne remarquent même pas mon absence. Qu’il vente ou qu’il neige, les enfants jouent dehors. Et moi, les enfants, je les aime. J’aime les regarder. J’aime les écouter. Les enfants ne sont pas des êtres humains comme les autres. Ils sont bien plus intéressants que les adultes. J’ai une copine qui les adore aussi. Mais elle ne peut presque jamais les voir, parce qu’il fait nuit quand elle arrive. Ils dorment. Et comme sur cette île il fait nuit longtemps, elle a peu de chance de les apercevoir. Parfois pourtant, quand ils sont en vacances, à Noël par exemple, et que je suis occupé ailleurs, ma copine se prépare. Elle déploie un immense rouleau d’étoiles scintillantes et se déguise. Tantôt ronde comme un callot, tantôt mince et effilée comme un croissant. Elle peut même changer de couleur si elle veut. Ou disposer les étoiles de telle sorte que des formes connues apparaissent. Ma copine aime les enfants, mais elle connaît assez mal leurs centres d’intérêt. Alors, elle dessine des chariots, des casseroles, ou encore des théières. Les enfants étant meilleur public qu’on ne le pense, ils font mine de s’intéresser à ce que montrent les bras tendus de leurs parents. Lesquels sont quant à eux franchement enthousiastes à l’idée de retrouver là-haut ce qu’ils utilisent ici-bas. Ils peuvent s’endormir sereinement, rassurés de savoir qu’en se réveillant, ils trouveront chaque objet à sa place dans l’univers. Pour moi, c’est un peu plus compliqué. A force de les aimer en les fixant, il peut m’arriver de les brûler. C’est pour ça que leurs parents se méfient de moi. C’est pour cela qu’ils ne me regardent pas. Je brûle. C’est pas de ma faute à moi si j’ai le cœur chaud. Et puis après tout, « qui aime bien châtie bien ». C’est ce qu’ils disent sur la Terre. Ils disent souvent des trucs bizarres. C’est tout de même très étrange de vouloir châtier ceux qu’on aime, non ? Mais je suppose que quand on est capable de voir des casseroles au-dessus de sa tête, tout est possible. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Ha oui ! C’est parce que je rayonne de bonheur. En juin prochain, dans quelques semaines, c’est nuit blanche pour moi. Alors je vais pouvoir regarder les enfants du matin jusqu’au soir.

À propos de eric

Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

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