Zoom sur la réélection d’Ólafur Ragnar Grímsson

Source : http://steingrimurdui.wordpress.com/2012/05/14/olafur-ragnar-er-ekki-til/
Conformément aux prévisions, Ólafur Ragnar Grímsson a été élu pour un cinquième mandat de Président de la République.
Le résultat est sans appel (en % des suffrages exprimés) :
. Ólafur Ragnar Grímsson : 52.8,
. Þóra Arnórsdóttir : 33.2,
. Ari Trausti Guðmundsson : 8.6,
. Herdís Þorgeirsdóttir : 2.6,
. Andrea J. Ólafsdóttir : 1.89,
. Hannes Bjarnason : 1.
Par Michel Sallé.
Pourtant la participation n’a été que de 69%, ce qui peut surprendre compte tenu des taux habituels et de la dramatisation voulue par le président sortant et relayée par les media.
Sur place les explications sont très variées, mais toujours précédées d’un grand éclat de rire, comme si l’observateur étranger était prié de ne pas trop prendre au sérieux ce choix renouvelé d’un homme qui n’inspire guère de sympathie :
  • l’explication la plus fréquente est le soutien de plus en plus visible apporté au candidat sortant par le Parti de l’Indépendance ; soutien qui peut surprendre compte tenu des très mauvaises relations du Président et de ce parti quand il était au pouvoir, mais qui a permis de faire de ce résultat un échec du gouvernement,
  • échec d’autant plus patent que Þóra Arnórsdóttir n’est pas parvenue à se défaire de l’image « social-démocrate européenne » que lui ont donnée ses détracteurs,
  • plus généralement, et c’était évident lors du dernier débat télévisé entre les candidats, aucun des « opposants » ne semblait en mesure d’inquiéter un professionnel sûr de lui campant tranquillement sur son expérience,
  • certains se souviennent qu’Ólafur Ragnar a du son élection de 1996 à son épouse d’alors, Guðrún Katrín Þorbergsdóttir, décédée deux ans plus tard, et lient sa réélection à la popularité de Dorrit Moussaïeff, sa nouvelle épouse,
  • d’autres, plus tortueux, disent l’avoir choisi pour qu’il assume son refus de ratifier la loi associée au dernier accord Icesave dans le cas probable où l’Islande serait condamnée par la Cour de Justice de l’AELE à payer beaucoup plus que ce qui était prévu par cet accord !
Explication tortueuse mais significative : ce jugement, dont Ólafur Ragnar ne parle jamais mais qui doit intervenir dans les semaines à venir, préoccupe beaucoup plus les Islandais que la réforme constitutionnelle sur laquelle ils doivent se prononcer le 20 octobre.
C’est pourtant celle-ci qui apparaît en creux dans le discours d’investiture (1) que le Président prononce le 1er août. Ce discours est en effet un appel à se rassembler derrière lui pour soutenir la constitution actuelle (ce que souhaite aussi le Parti de l’Indépendance !) ; point n’est besoin de la modifier pour satisfaire le droit du peuple islandais à se prononcer directement sur les sujets importants.
Dans ce même discours son silence sur les deux enjeux à venir à propos desquels le Président veut protéger ses concitoyens est assourdissant :
  1. pas un mot de la réforme issue des travaux de la Commission Constitutionnelle ; l’élection au suffrage universel des membres de cette commission n’est même pas citée parmi les cinq scrutins auxquels les électeurs islandais ont été invités à participer depuis la crise (une élection législative, une élection aux conseils municipaux, deux référendums Icesave, une élection présidentielle) ; ce ne peut-être un hasard !
  2. pas un mot sur les négociations d’adhésion à l’UE, mais une référence appuyée à la « coopération arctique » des Pays Nordiques avec la Russie, le Canada et les Etats-Unis, et, en fin de discours, de longs développements sur ce que les Islandais sont en mesure d’apporter à cette coopération.
Tous deux sujets sur lesquels les Islandais seront amenés à se prononcer par référendum conformément aux engagements de leur gouvernement.
En ce jour d’août 2012, le chroniqueur, peut-être trop impertinent, ne parvient pas à trouver sa réponse à la question suivante : les choix du Président à propos de Icesave, qui au total (2) coûteront plus cher aux Islandais que l’exécution du premier texte qu’il a fait repousser, étaient-ils uniquement destinés à assurer sa réélection, ou sont-ils le signe d’un nouveau cours dans le fonctionnement des institutions du pays ?
(2) Honoraires de consultants internationaux, déplacements, temps passés en débats stériles en une période où les urgences étaient innombrables, mauvaise image sur les places financières alors qu’il faut emprunter pour relancer l’économie, etc…

À propos de Michel

Ces lignes sont le résultat de lectures, de suggestions et d’informations que je peux obtenir autour de moi, mais elles n’engagent que ma seule responsabilité.

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