HVALUR

Vous avez dit baleine ?

Hélas, la baleine, ce noble mammifère marin, est encore chassée en Islande, bien que les Islandais aient signé des accords internationaux contre la chasse aux cétacés. Ceux qui prônent la chasse à la baleine se gargarisent de tradition, d’esprit d’indépendance et d’autres valeurs douteuses dans ce contexte, tout en se moquant de la sensibilité décadente des étrangers qui voudraient mettre leur nez dans les affaires islandaises.

Je me voile la face et je demande pardon aux baleines et aux autres habitants de la terre.

La réalité, c’est qu’entre la période de la Colonisation et le XIXème siècle, la baleine n’a jamais été chassée en Islande. Jadis, quand une baleine venait s’échouer sur la rive, les habitants de la côte venaient se partager sa carcasse; souvent il s’agissait bien d’une aubaine, d’une manne, d’une pêche miraculeuse, car la famine n’était jamais bien loin. Au XIXème siècle, de gros baleiniers norvégiens ont ravagé les fjords, décimé les baleines et instauré une industrie pour le conditionnement de cette pêche. Depuis plusieurs décennies, nul ne pêche la baleine en Islande, à l’exception de l’armateur Kristján Loftsson (compagnie Hvalur hf), propriétaire de tous les baleiniers islandais chassant notamment le Rorqual Commun. Le produit de la pêche est principalement exporté vers le Japon, et une grande partie des carcasses n’est pas exploitée. En fait, nul ne comprend bien pourquoi on pêche la baleine, ni pour qui. Nos cousins des îles Féroé, eux, ont depuis des siècles développé une technique consistant à pousser la baleine vers le rivage pour qu’elle s’y échoue, en la pourchassant avec de frêles esquifs, et la menaçant de lances et de harpons. Une opération presqu’aussi périlleuse pour les chasseurs que pour la proie. Aux Féroé, on mange et on apprécie la baleine depuis des siècles. Là, il convient de parler de tradition.

Dans le vieux port de Reykjavík, on voit d’un côté les baleiniers en question, et de l’autre, les bateaux qui emmènent les touristes saluer les baleines dans leur milieu naturel. Plusieurs d’entre elles ont pris leurs habitudes et font un petit numéro de voltige pour la grande joie des photographes au pied marin. Ce genre d’exploitation semble beaucoup plus profitable et enrichissante que la pêche sans queue ni tête, si on peut dire.

À propos de eric

Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

Vous devriez lire

politique en islande

Politique islandaise : le calme après la tempête

Après deux mois de crises et de manifestations, voici que le calme revient : un …

un commentaire

  1. C’est vrai que sur le port, la vision des baleiniers d’un côté et des bateaux à touristes de l’autre avec de jolies photos de baleines qui sautent hors de l’eau, c’est quand même un mélange assez dérageant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Si vous n\'êtes pas un vilain Troll... * Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.