Attention ! Un volcan peut en cacher un autre !

Ils affluaient chaque jour par centaines pour l’observer.
Il avait beau cracher sa roche écarlate en fusion, disperser ses cendres nocives ou solliciter le réveil impromptu et tremblant des profondeurs de l’île, tous venaient à lui, comme irrésistiblement attirés par sa beauté brute et magnétique.
Lui, Eyjafjöll, l’un des 130 volcans actifs d’Islande, s’était éveillé en pleine nuit, le 21 mars dernier, alors qu’il somnolait paisiblement sous un glacier.
Eux, des touristes du monde entier et quelques randonneurs autochtones, mus par une curiosité commune.
Malgré les vents glacés, bravant pour certains les précautions les plus élémentaires, ils tentaient de l’approcher ; pour le voir, le filmer ou le photographier.
Ils allaient et venaient, à pied, en 4×4 ou en hélicoptère, pour ne rien manquer du spectacle envoûtant de la nature en émoi.
Flux et reflux incessant d’une marée humaine lancée à l’assaut du monstre incandescent.
Il était rouge, chaud et dégoulinant. Vue du ciel, les sillons grenât que traçait la lave dans la roche, avait bel et bien des allures de blessure sanguinolente, s’écoulant sur la peau sombre et basaltique. Probable écho terrestre des douleurs de ses habitants, ballotés de sombres révélations politico-financières en dettes écrasantes à rembourser.
Le flamboyant petit diable, modeste clone du bien plus redouté volcan Hekla, prétendue antichambre des enfers selon une vieille croyance, avait d’ailleurs fait ses premières victimes, il y a une semaine. Un homme et une femme mal équipés, dont les ardeurs exploratrices furent définitivement refroidies par les températures locales.
Il eut fallu rappeler à ces Amundsen dilettantes que là-haut, sur ce glacier, même au mois d’avril, le thermomètre flirte avec les -15°.

Après près d’un mois d’actives représentations, Eyjafjöll, sans doute fatigué de ces va-et-vient incessants, s’est à nouveau assoupi. Mais avant de sombrer dans un sommeil incertain, il s’est arrangé pour passer le relais à un pote qui roupillait à proximité.

Voilà que cette semaine, sournoisement dissimulé sous le glacier Eyjafjallajökull, l’un de ses congénères s’est à son tour brutalement mis en colère. Bien plus excédé que son comparse, il a entraîné de fortes crues, causant de nombreux dégâts alentours. Ses épais nuages de cendres ont nécessité fermetures de routes, interruption du trafic aérien et évacuations indigènes. Bœufs et moutons ruminant tranquillement n’ont pas été épargnés, contraints à demeurer enfermés ou à être déplacés.

Mais tout va bien.

Que l’on se rassure : « tout est sous contrôle » a récemment déclaré Sainte Johanna, le Premier ministre Islandais.
Le 21 septembre 2008, c’est à peu de choses près ce que déclarait Làrus Welding, patron cryogénisé de la banque Glitnir, à un journaliste qui lui demandait de quelle façon la crise internationale pouvait affecter le secteur bancaire de l’Islande.
« We can see now that the flexibility in our structure and the way we have prepared ourselves has landed us a very secure position ».
(source : The Grapevine n°16 – www.grapewine.is) 
Je ne vois donc effectivement aucune raison particulière de s’inquiéter.

Photos empruntées à Institute of Hearth Sciences – http://www.earthice.hi.is/

À propos de eric

Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

Vous devriez lire

Althingi

Élections législatives islandaises fixées à fin octobre

À quand les élections ? Telle a été la question de l’été, à laquelle la réponse …

8 comments

  1. Finalement, il est affligeant de noter que la plupart des gouvernements n’intervienne pour aider un pays que s’ils ont des intérêts à défendre. La Grèce, qui a dissimulé ses turpitudes à ses alliés européens, mais qui fait partie de la zone Euro qu’il faut préserver, est un parfait exemple de la façon dont se met en place une politique en matière d’affaires étrangères. A l’inverse, personne ne trouve gênant de laisser un micro état comme l’Islande affronter l’Angleterre et les Pays-Bas. Pourtant, je parierai fort que la crise survenue ici en 2008 soit une sorte de répétition en miniature de ce qui va survenir ailleurs d’ici peu.

  2. Dire qu’il faut aller sur un blog pour savoir si les islandais vont bien… En France on sait comment nos compatriotes en séjour a New Yor, Singapour ou Marrakech vivent ce nuage de cendres, on nous informe que les denrées périssables se fanent sur les tarmacs, voire même en cherchant bien on peut apprendre que le volcan est plus calme et que les vents seront plus favorables a l’Europe… Mais sur la santé, le moral et les conséquences a court et/ou moyen terme pour les islandais, pas ou très peu d’information!…
    Pour ma part je devrais être a l’heure actuelle en Islande en voyage de noces, ce n’est que partie remise pour des temps plus cléments! A défaut de l’Islande, le ciel de Benodet est Clément, l’Odet plutôt calme, sans volcan a l’horizon…
    Anne-Laure

  3. Ta belle plume m’a sortie de l’inquiétude… Je suis ravie de voir que t’es toujours là :)))

  4. Bonjour! C’est vrai que chez nous aussi les médias nous parlent des problèmes d’exports vers l’Europe mais pas un mot sur les Islandais? Est-ce que vous sentez l’impact economique ou un manque de certaines denrées puisque je suppose que les avions ne se posent plus chez vous non plus?

  5. Coucou L’Islandais!!!
    Bonjour homme du bout du monde!! En regardant les actualités, j’ai pensé à toi! Forcément! Alors je viens aux nouvelles! Est ce que ça va? Aparemment tu es toujours en vie! Ouf! Lol! Très jolies tes photos!! Prends bien soin de toi!! Bisous!
    Angie91 (ex BlueChris91)

  6. Bonjour l’Islandais. Je reviens avec plaisir ici pour lire votre plume acérée. Il n’y a pas à s’inquiéter, non, ce n’est pas nocif pour la santé, lisait-on ce matin dans nos journées. Ce qui m’a effarée par contre, et je reprends en substance le commentaire de Borir, c’est que chez nous, on ne parle que de problèmes pour le trafic aérien, pas un mot pour le quotidien des Islandais, c’est effarant cet égoïsme ambiant… effarant, mais comme vous le dites si bien, il n’y a pas à s’inquiéter, c’est toujours le même monde, les mêmes gens, et un volcan en plus qui crache…
    On ne s’inquiète donc pas, sauf pour les Islandais…

  7. A reykjavik, tout se passe pour le mieux du monde.
    Hier pourtant, la protection civile recommandait de ne pas sortir de chez soi ou de porter un masque anti-poussières le cas échéant. Exhortation non suivie par les Islandais. Dans le sud de l’île ce sont les fermiers qui sont les plus ennuyés : l’un d’eux expliquait qu’il y a deux jours, les cendres étaient telles, qu’il ne parvenait plus à voir la maison de son voisin et qu’une poussière grisâtre avait tout recouvert.
    Mais aucun blessé signalé.

  8. Merci pour ce post.
    Par contre en France notamment on ne parle que de la gêne occasionée pour les voyageurs, mais nulle part de la santé des islandais, qu’en est il exactement des retombées de cendres pour les habitants de l’île? merci et bonne continuation

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Si vous n\'êtes pas un vilain Troll... * Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.