DSK : Who else ?

Il faisait beau. Un soleil rasant et matinal avait envahi la surface de l’île de ses rayons tièdes et aveuglants. Ce jour-là, j’en profitais pour regarder paisiblement la rue déserte qui borde le jardin de notre maison en sirotant mon café. Deux chats s’observaient silencieusement, tels deux amants dénudés espérant que l’autre se déclare enfin. Deux corps souples et poilus enfouis dans les hautes herbes et miaulant de désir. « Il va me falloir le tondre ce gazon ! » m’étais-je dit en attendant que l’une des bestioles se décidât à grimper sur son congénère. Loin du monde, de ses turbulences et de ses clameurs, je laissais quelques vagues et érotiques pensées vagabonder à travers les volutes caféinées, tout en scrutant oisivement le spectacle des matous hésitants.
Reykjavikv101Lorsque soudain, la sonnerie du téléphone me fit sursauter. Tandis que les deux félins entamaient leurs ébats, l’arpège lancinant me rappelait à la réalité.

Un proche nous apprenait la triste et surprenante nouvelle : Dangerous Sexual Killer (tel qu’il eut pu être surnommé par la presse américaine, qui n’a cessé d’en rajouter) venait d’être appréhendé par la police de New-York. Diantre ! Murmurai-je l’esprit alerte et le verbe à-propos. Celui qui, à la tête du FMI, avait volé au secours de l’Islande en accordant à l’île un prêt de 2,1 milliards de dollars en octobre 2008, s’était fait pincé dans un avion en partance pour l’Europe. L’ex futur candidat aux primaires socialistes aurait eu des rapports sexuels partiellement consentis avec une femme de chambre. Durant les jours qui suivirent, l’homme nia le viol.

« Le viol c’est quand on veut pas. Moi j’voulais »

eut commenté en son temps un Coluche narquois. A défaut de l’avoir violé, la seule information confirmée tiendrait tout de même au fait que Dominique ait malencontreusement tâché le chemisier de Nafissatou. A moins qu’il ne souffre d’une incontinence séminale caractérisée, Dominique ne se serait donc pas seulement contenté d’évoquer les modalités de versement de la 6e tranche du prêt Islandais avec la femme de chambre.

En attendant de cerner la nature exacte des pathologies strauss-kahniennes évoquées, je ne regrette qu’une chose : que le vivier des prétendants à la Présidentielle soit si restreint qu’il faille choisir entre un Nicolas et un Dominique. Le premier, communicant énergique qui témoigne à l’égard des revendications citoyennes une indifférence qui confine à l’autisme populaire – lorsqu’elle ne se mue pas en manifestations agressives et impulsives – voue à son propre personnage une admiration aussi tendre que paroxystique. Le second n’est pas moins charismatique. Et il semble avoir fait, au moins au FMI, la démonstration de ses compétences et de ses talents de dirigeant. Malheureusement, l’homme vient aussi de révéler, au mieux un intérêt pour l’autre sexe proche de l’addiction, au pire les penchants d’un possible psychopathe. Reverra-t-on ce fin connaisseur du « Point G » prodiguer ses conseils à un sommet du G8 ? Rien est moins sûr. Bref : le choix du candidat « idéal » s’avère donc cornélien.

« L’enfer, c’est les autres »

Vous me direz qu’il existe d’autres prétendants déclarés. Soit. Alors prenons rapidement quelques exemples et privilégions le commentaire succinct, partial et subjectif. A droite, je rame un peu. Il n’est pas aisé de trouver des personnalités ayant à la fois déjà exercé leurs « talents » au plus haut niveau de l’état et en même temps assez audacieux pour ruiner les espoirs déjà fort menus de Nicolas.

J’ai pensé à Villepin. Rappelez-moi d’éviter de penser. A vrai dire, j’attend qu’il ait achevé sa dernière conférence de presse pour me prononcer. Je ne saurais dire si cette apathie narrative qui le conduit à espacer chacun de ses mots de silences répétés…

a) répond à un souci opportun et néanmoins condescendant d’être compris de ceux qui tentent de l’écouter jusqu’au bout,

b) révèle son ignorance des moyens d’enregistrement ayant dorénavant détrôné le bloc-note et émoussé concomitamment l’attrait de l’option sténo-dactylo dans les écoles de journalistes,

c) ou bien n’a pour seule finalité que de lui donner le temps de réfléchir avant de parler.

Dans les trois cas, le résultat est rarement à la hauteur de ces interminables moments d’attente.
A gauche, deux personnalités paraissent émerger. J’écarte Manuel Valls, dont les analyses sociologiques atteignent le plus souvent les sommets enneigés de la Beauce en période de canicule. Je sais, le phénomène reste rare. Au moins autant que les manifestations fulgurantes d’intelligence du Maire d’Evry sont fréquentes.

Restent François Hollande et Martine AubryLas, les propositions convenues de François font naître en moi cet état de niaise béatitude nocturne qui précède l’assoupissement. Indéniablement capable de m’endormir, François peine en revanche à me faire rêver lorsqu’il évoque l’avenir du pays. L‘homme est assurément intelligent; il semble honnête. Peut-être même serait-il un Président compétent. Trois qualités que la patronne de la Gauche peut aussi se targuer d’avoir. « Bon et alors ? » me hurlez-vous agacés. Alors ? Alors les ministères regorgent de technocrates constipés, de comptables zélés, de spécialistes dévoués capables de gérer une nation. Las, aux dernières nouvelles, Martine et François n’auraient pas encore inventé ce que ces derniers auraient à mettre en oeuvre. Pas seulement un énième programme de parti politique. Pas uniquement une succession de mesures revisitées par des économistes adeptes d’objectifs tangibles et chiffrés. Pas les nouveaux clones de réponses attendues aux maux que traverse le pays depuis plus de trente ans (chômage, pauvreté…).  Mais un dessein. Un destin peut-être. Un nouveau paradigme, une Idée, une utopie raisonnable… Bref : un projet ambitieux et créatif de société.

Malgré mes efforts, je ne distingue pas, au sein des partis en présence, cet oiseau rare. Avant même d’avoir confirmé sa présence et présenté sa vision, DSK avait suscité l’attirance chez certains. Son éjaculation féroce nous prive d’un coït de société et semble nous condamner à l’onanisme politique.
Alors, qui d’autre ? Qui diable pourra offrir ce supplément d’âme sociétal, faire bander nos esprits mollassons et complaisants, réveiller nos désirs atrophiés par l’autophilie ? Lequel de nos leaders d’opinion nous promettra, à défaut de la réussir, une véritable révolution pacifique ?
Personnellement, j’aurais bien une suggestion. Mais je crains qu’elle ne fasse pas partie des intentions du principal intéressé.

À propos de eric

Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

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4 comments

  1. De mon point de vue à moi cher Eric, l’intelligence, l’honnêteté et la compétence sont les pré-requis pour l’exercice de tout mandat électif. Le pb tient justement au fait que ces qualités-là, essentielles, incontournables, non négociables sont devenues « saints graals » inaccessibles ! Nos critères d’exigence n’ont ils pas été sensiblement revus à la baisse. Le rêve, la perspective d’une société différente, ne devraient pas être une « cerise sur le gâteau », mais bel et bien le fondement de ce pourquoi nous opterons pour tel ou tel programme.
    Je crains toutefois qu’en l’état actuel des choses vous n’ayez raison; « si des gens intelligents, honnêtes et compétents pouvaient prendre les commandes, ce serait déjà un progrès ».
    Et ma foi, cette résignation, cette complaisance face à la médiocrité politique de nos dirigeants, me semblent bien triste.

  2. Intelligent, honnête et compétent… Ma foi c’est déjà pas si mal de mon point de vue. Et ça ne va pas toujours de soi dans ces sphères là. C’est ce qui se rapproche le plus de ce qu’attendent la plupart des gens. Quant à faire rêver, ce serait la cerise sur le gâteau. Mais est-ce si simple ? Dans une époque obnubilée par la vitesse, la technique, la consommation et la performance, quelle est la place pour le rêve ? Il faudrait un nouveau paradigme, oui, mais ça supposerait de pouvoir asseoir une nouvelle représentation du monde. Une nouvelle Renaissance ? Pas si simple et trop subversif dans une époque aussi calibrée que la nôtre. L’Histoire n’est pas finie, mais il faudra quelques quinquennats pour dépasser le fatalisme du paradigme actuel. En attendant, si des gens intelligents, honnêtes et compétents pouvaient prendre les commandes, ce serait déjà un progrès…

  3. En effet la promesse ne manquait pas d’un certain panache et ce Duconnaud d’un nom approprié 🙂

  4. Où est passé le bon vieux temps quand un candidat politique nommé Duconnaud proposait jadis en guise de promesse électorale de prolonger le boulevard Saint-Michel jusqu’à la mer. L’idée fut ensuite reprise par Ferdinand Lop qui aurait, suite à une question de savoir par quel bout il serait prolongé, répondu non sans panache : « Il sera prolongé jusqu’à la mer par les deux bouts. »
    Au moins on savait pour qui voter quand les autres ne nous plaisaient pas !!
    ;o)))