Quand je n’y suis pas. En Islande. (2)

Quand je n’y suis pas. En Islande. Il arrive que mes mots soient las. Et puis qu’ils soient moches, abattus, pessimistes; osons le terme : il arrive que mes mots soient déprimés. A force d’entendre ceux des autres. Ces cris inaudibles, ces chuchotements vains, ces soupirs flasques qui défilent à la vitesse du con sur les étales opulents de l’Ineptie que les réseaux sociaux mettent à la disposition de notre narcissisme.

Assis sur mon trou matinal, j’expulse d’un côté, ingurgite de l’autre. A travers l’écran miniature du téléphone de ma Pomme, je libère la pitance de la veille et m’abreuve de la bien-pensance auto-satisfaite de l’homo-sapiens connecté. Avec agilité, mon doigt fait défiler l’actualité mondiale de l’Humanité enthousiaste ou compatissante, c’est selon ! La citation du jour succède à l’indignation que suscitent les événements en Syrie. 72 Likes pour Bachar contre seulement 23 pour Albert Jacquard (auteur de la « pensée »). La merde l’emporte souvent sur la niaiserie. Pas toujours. Reste que pour manifester son approbation et/ou s’offrir une bonne conscience quotidienne, un doigt suffit. Rudement pratique FB.

Alors quand l’écoeurement l’emporte, quand les cieux blêmes du cafard envahissent mes songes, lorsque le néant se vautre sur ma solitude, quand je me lasse d’observer l’Histoire tourner en boucle et d’assister aux parades suffisantes de mes congénères, alors j’y retourne. En Islande.