L’Islande, cette île au soleil !

Ça y est, il est là ! Il est arrivé !

Mais qui ? De qui elle parle ? Attends, si ça se trouve elle voulait envoyer un texto et elle s’est gourée. Bon, qui va lui annoncer la nouvelle ?

C’est bon, ça va, je m’explique : je parle du soleil, voilà. Vous êtes contents ? Jusqu’à présent, nous n’avions que des témoignages de sa présence, maintenant il est là, LÀ je vous dis, dans mon ciel, entre le toit de la maison de ma voisine et la cime des arbres de son jardin. Je l’ai vu, tout rond, tout blanc, j’ai plissé les yeux en le regardant et ça m’a fait sourire.

Depuis novembre, ce n’était que des indices que nous avions. Des aquarelles aux teintes d’orient le soir, des lazures en camaïeu de bleu le jour, des voiles verts et jaunes flottant derrière la déesse grecque lors de son passage dans les nuits étoilées d’un décembre qui s’était pourtant voulu blanc.

Mais là…  Je l’ai sentie, une présence chaleureuse et réservée. La barrière de mon jardin avait, aux environs de 10 heures ce matin, pris des teintes de rose, et là il est midi et il se plante dans mon bleu immense. Quelle joie de le revoir, ce vieil ami que j’ai de par le passé si souvent fuit et contre qui j’ai pesté sans retenue.

C’est en fait toujours la même chose : trop et on râle, pas assez et on pleure.

2013 sera l’année où le soleil nous aura manqué ici, dans le sud de l’Islande. Ce n’est absolument pas la première fois pour les islandais, mais c’est ma première fois à moi. Tourangelle d’adoption, j’ai toujours marché à l’ombre l’été, grogné les nuits pesantes d’orage et pris un intérêt particulier pour les églises romanes où fraîcheur et obscurité m’accueillaient avec compassion les jours d’épuisement. Aujourd’hui, je peux vous avouer que je rêve de vacances à Hawaii ou bien à Tahiti et qu’enfin je comprends pourquoi les islandais colonisent les îles Canaries  de janvier et à fin février.

En fait voilà, après 17 ans de présence en Islande, je ne me moque plus des islandais qui se morfondent, dépriment et en veulent à la terre entière dès qu’il neige, pleut, vente et gèle, je comprends, je soupire et je compatis.

Ce qu’il y a d’extraordinaire en ce mois de février, c’est de voir l’espoir de lumière et d’abondance naître tout autour de nous. Les gens sont irritables et fatigués et courent dans tous les sens comme des poussins tout juste sortis de l’oeuf. C’est le printemps qui les titille, sa lumière qui leur donne de faux espoirs, ses oiseaux qui s’arrêtent de converser dans les jardins.

Maintenant vous vous dites : « HA ! Encore cinq minutes de perdues à lire un article inutile qui n’a ni queue, ni tête, ni sens ! » Alors je vous réponds : quand avez-vous levé le nez et chassé les nuages qui encombrent votre ciel ? Quand avez-vous fermé les yeux et senti comme il est bon d’avoir froid, d’être battu par la pluie et de respirer à plein poumons cet air régénéré par la manne céleste ? Quand avez-vous pris quelques secondes pour réaliser que votre peau réagit à la chaleur du rayon de soleil qui s’est posé sur votre main ? quand avez-vous entendu le vent vous raconter ses légendes ? Quand avez-vous juste souri en écoutant les oiseaux discuter ou bien dodeliné de la tête en rythme avec la pluie qui joue sur le toit qui vous protège ?

Il était là mais il a très vite cédé sa place à une pluie féroce et pourtant… Mon sourire, lui, est encore là et mon coeur bat encore la chamade. Mon printemps est en chemin… et le vôtre ?