Une richesse fluide et transparente

A l’époque où j’étais étudiante, je travaillais comme guide pour touristes, histoire de me faire un peu d’argent. Lors de mes premiers circuits, je fus surprise de voir à quel point mes compagnons de route étaient épris de l’eau de mon pays. Cette eau omniprésente que les Islandais ne remarquent plus guère, tant elle fait partie du paysage.

Et pourtant, c’est une richesse comme aucune autre, parfois fluide et transparente, parfois puissante et vaseuse, tantôt claire et froide, tantôt chaude et sulfureuse, et aussi bleuâtre et bénéfique. Côté quantité d’eau, en Islande, il y a ce qu’il faut, et le pays s’enrichit encore en ce moment. Ici, dans l’Est, nous avons ces jours-ci une abondance de neige. Même les remontées mécaniques sont ensevelies.

Le matin, j’ouvre mon robinet et bois une eau si délicieuse que même la Volvic pâlirait si elle devait souffrir la comparaison. En randonnée, les petits cours d’eau qu’on découvre un peu partout font le bonheur des routards assoiffés. Et le soir venu, rien de mieux que de se glisser dans un bain bien chaud et de respirer cette odeur d’œuf pourri. Si, si, je vous assure, avec le bon contexte, cette odeur-là est fort plaisante.

Plus sérieusement, un tour à la piscine dans l’obscurité de l’hiver, lorsque le corps se plaint du froid et que l’âme a besoin de se ressourcer, peut tout sauver. Et si par bonheur, une fois immergé dans l’eau, vous avez au-dessus de la tête une voûte étoilée d’un côté, et de l’autre une aurore boréale, et bien, c’est le paradis.

Hvernig er veðrið ?

Aujourd’hui, en rentrant du travail; un de ces moments magiques lorsque la brume vous frôle les épaules et que le soleil tente désespérément de prendre part au jeu. Malgré tout, je le sens arriver, ce printemps.

© Photos : Gunnar Gunnarsson & Björg Björnsdóttir