Le ciel est bleu. Un bleu dense, étanche et pur, autant que l’air. Un bleu sans nuage au milieu duquel une belle lune toute ronde, les traits encore tirés par une nuit sans sommeil, tarde à s’endormir, sans doute émerveillée par le spectacle silencieux de ce bout du monde qui s’éveille. Elle est aux premières loges la lune, figée dans le décor indigo. Elle aurait tort de ne pas en profiter. Je fais comme elle; la tête enfouie dans un bol de café bien chaud entre les mains, je profite moi aussi de ce week-end estival confortablement installé dans l’un des sièges mis à la disposition des clients de l’Hôtel Flatey.

Flatey ? C’est une île perdue dans la baie de Breiðafjörður. Un îlot serait plus exact. Un bout de terre flottant parmi quelques dizaines d’autres, plus petits, dans ce qui ressemble à la gueule béante d’un Troll gigantesque. Deux familles y résident à l’année. Sans se parler dit-on. Un mystérieux différend alimente depuis des décennies les ragots du coin et préserve très certainement les fâchés de la solitude des longues et frisquettes nuits d’hiver.

Comptez deux bonnes heures (en été) pour vous rendre de Reykjavik à Stykkishólmur. Là, si vous n’envisagez pas de poursuivre jusqu’à Brjánslækur pour découvrir les Fjords de l’Ouest, vous laisserez votre automobile et prendrez le ferry qui vous déposera sur l’île. Et si vous n’avez pas pensé à réserver l’hôtel (qui jouit probablement de l’un des meilleurs taux d’occupation au monde !), il vous restera le camping. Vue imprenable garantie mais petite laine requise !

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