contes et légendes d'islande

Contes et légendes d’Islande… Version 2014 !

Au boulot, des choses disparaissent. Nous sommes des employés au sens pratique développé et nous ne pouvons pas laisser des étourderies nous perturber, les conséquences pourraient être graves. Je travaille dans un service de répit et soutien aux personnes handicapées. Notre service offre un soutien aux enfants, adolescents, jeunes adultes et adultes plus mûres dans tous les aspects de leur vie et selon le besoin de chacun.

Parfois l’aide est principalement apportée aux familles, aux mamans épuisées, aux papas désorientés, aux fratries esseulées, nous sommes là pour faire du bien. C’est un service municipal et gratuit. Bref, vous voyez le truc, nous avons beaucoup de responsabilités et pas vraiment le droit à une grande marge d’erreurs. Reste que les choses disparaissent pour réapparaître, parfois même sous nos yeux. C’est amusant mais ça peut devenir stressant. L’autre soir, à peine arrivée pour commencer mon service de nuit, mes collègues du soir m’informent des événements de la journée. J’ouvre l’armoire à pharmacie pour préparer les médicaments et m’aperçois qu’il manque un médicament d’un de nos enfants. Je vide l’armoire, classe les boites de médicaments par « patient », les réarrange dans la pharmacie, préviens les collègues sur le départ et chacune, sous l’oeil vigilant des deux autres, répète la même opération pour finalement en venir à la même conclusion : il manque une boite ! Après un coup de fil aux parents qui m’assurent avoir apporté le dit médicament, et à la collègue du jour qui m’affirme avoir reçue la dite boite et l’avoir rangée dans l’armoire, nous ré-ouvrons l’armoire à pharmacie et là, sur l’étagère du milieu, trône une boite énorme de médicaments…

LA boite que nous cherchions depuis une demi heure.

Mes collègues partent rassurées, et j’entame mon service d’une humeur plus légère. Le lendemain matin, j’en informe ma patronne qui s’exclame : « C’est encore ma renarde qui fait des siennes ! ». Je lui annonce qu’il y a du café tout frais et qu’elle a des explications à me fournir. « Viens ! me dit-elle prenons un café, je vais te raconter l’histoire de la renarde de Galtardal ! »

« Au dix-huitième siècle, mon ancêtre Margrét Bogadóttir eut une aventure avec Snæbjörn Ásgeirsson Stadfeldt. Ils étaient tous les deux étudiants à l’école de Skálholt. Elle donna naissance à une fille en 1772. Snæbjörn la demanda en mariage mais sa demande fut refusée. Blessé par ce refus, Snæbjörn maudit Margrét lui souhaitant de ne jamais être heureuse en mariage. Par la force de son chagrin il appela une renarde rouge (on dit qu’il l’a créée par incantation) afin qu’elle suive les descendants de Margrét sur neuf générations. Cette renarde serait à la fois une protection et une présence facétieuse (comme tout renard qui se respecte) qui perturberait la vie quotidienne de chacun. Snæbjörn partit ensuite poursuivre ses études au Danemark où il devint juriste et fonda une famille. Margrét se maria en 1774 à Jón Þórláksson, poète et pasteur défroqué (il avait eu deux enfants avec la même femme sans avoir eu la permission de l’épouser). Ils eurent ensemble une fille unique, Guðrún dont je suis la descendante. Margrét et Jón ne furent jamais heureux en couple et la légende dit que c’était de la faute de Margrét. Quand il put enfin reprendre sa fonction de pasteur, Jón fut muté dans le nord du pays mais Margrét ne le  suivit pas. Elle resta à Galtardal jusqu’à sa mort en 1808. Tu peux retrouver l’histoire dans le recueil des contes et légendes islandaises de Jón Árnason. Je suis la septième génération à bénéficier de la protection de la renarde de Galtardal, mes petits-enfants seront la dernière génération à être suivie. Voilà ! »

Mais, lui dis-je, passionnée, elle vous met des bâtons dans les roues, elle vous joue des tours et tu dis qu’elle vous protège ?

Oui, c’est le prix à payer pour sa protection. C’est une renarde, c’est dans sa nature de jouer des tours. Ce n’est jamais bien méchant. Et puis tu sais, j’aime bien l’idée de la savoir toujours à mes côtés.

Mais tu n’étais pas là, si elle te suit, elle devrait être chez toi et pas ici, au centre, la nuit qui plus est !

Oui, mais comme j’avais oublié mon portable et mon pull, il y avait quelque chose de moi pour la raccrocher ici. Parfois, c’est suffisant.

Et sur ce… Tiens, j’avais pas posé mon sac là ?

Photo : Jón Árnason

À propos de eric

Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

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