Tremblement de terre en Islande : juste au cas où !

Bon, alors, vous avez lu tous les articles de ce merveilleux site et vous vous préparez à venir nous rendre visite. Bons élèves, vous emmenez de la laine et du polaire, vous vous promettez de  toujours vérifier les prévisions météorologiques avant de partir crapahuter, vous avez appris à dire : hjálp ! ( à l’aide !) et hvernig kemst ég til læknis, ég held að ég sé fótbrotinn ? (comment me rendre chez le médecin, je crois que j’ai la jambe cassée ?), vous vous êtes même entrainés à dormir dans votre congélateur afin de ne pas souffrir du choc thermique.

Bravo, vous êtes fin prêts… Mais l’êtes vous totalement ? Connaissez vous les règles de sécurités à suivre en cas de tremblement de terre en Islande ? HAHA… vous aviez oublié… je le savais ! Bon, heureusement que sur Vivre en Islande, nous sommes là pour vous donner les bons tuyaux. Attention, ces consignes sont celles à suivre en Islande mais je pense que dans un pays où des constructions ne sont pas en adéquation avec les règles anti-sismiques, c’est un peu « cours et ne te retourne pas… » Enfin, bon, là on parle de ce que je connais, les consignes de sécurité sur l’île.

Alors, règle numéro 1, lorsque vous entendez un grondement sourd sous vos pieds et que tout se met à bouger, ON NE COURT PAS ! ou alors pas trop vite.

Règle numéro 2 : si vous êtes dehors, éloignez vous des lignes à haute tension et des bâtiments, de tout ce qui pourrait vous tomber sur le crâne, comme les poteaux ou autres lampadaires.

Règle numéro 3 : si vous êtes à l’intérieur, cherchez un mur porteur ou bien l’encadrement d’une porte pour vous y tenir ou bien encore une table solide sous laquelle vous pouvez vous accroupir. Les enfants islandais apprennent très vite à s’accroupir, à se protéger la tête et à se tenir  comme le montre le dessin suivant:

Tremblement de terre Islande

Règle numéro 4, restez éloignés des meubles, des télévisions, des bibliothèques, des placards de cuisine et des fenêtres. Moi je me suis retrouvée sous une pluie de livres, mais je vous rassure, même pas mal ! Ben oui, les encyclopédies se mettent toujours sur l’étagère du bas.

Règle numéro 5, si vous êtes dans des escaliers, asseyez vous sur les marches en vous protégeant la tête. Si vous en avez l’opportunité, mettez des chaussures, pour être protégé plus tard lorsque vous sortirez de la maison.

Règle numéro 6, si vous êtes en train de conduire, arrêtez votre véhicule sur le bas-côté et attendez que ça se passe. En général, les lignes de téléphone peuvent être coupées ou provisoirement perturbées, les ponts sont fermés le temps des inspections et en cas de tremblements de terre importants, on est sensé rester dehors et attendre le feu vert pour retourner à l’intérieur. Les dégâts peuvent être causés lors de répliques, il faut donc se montrer très prudent lorsqu’on entre dans une maison tout de suite après un séisme. Les tuyauteries peuvent en prendre un sacré coup et pendant plusieurs heures voire quelques jours, l’eau peut être sale et terreuse.

Bon allez,  je pense avoir fait le tour et comme vous avez été sages et que vous avez tout noté sur un carnet, je vous raconte une anecdote de tremblement de terre.

Le 17 juin 2000, mon mari et moi même devons nous rendre à Þykkvabær pour un baptême. Nous sommes en retard et roulons à 140km/h sur une route caillouteuse (c’est interdit, c’est une faute, c’est pas malin, nous sommes d’accord !). Soudain, mon mari perd le contrôle de la voiture et freine comme un dingue. Une fois à l’arrêt, il sort furieux de la voiture, donne un coup de pied dans les pneus en grommelant :

Putain de bagnole de merde qui ne supporte même pas le 140, j’en ai marre de conduire que des caisses pourries !

Je vous épargne le chapelet sur la malédiction des fauchés qui ne peuvent s’acheter que des voitures d’occasion qui leur coutent une fortune en entretien et que c’est comme ça qu’on a jamais les moyens de s’offrir une voiture neuve. Impressionnée par la violence des propos et le visage fermé de cet homme d’habitude si avenant et toujours d’humeur égale, je décide de sortir de la voiture pour voir ce qui se passe. Pas de pneu crevé, ouf, je sens cependant mes jambes flageoler et je me dis que c’est bizarre cette vibration que je ressens passer de la plante des pieds aux genoux. Je lui demande ce qu’il pense, il me répond, que la voiture n’a pas supporté de faire un peu de vitesse. Je réalise que ce n’est pas moi qui tremble, et lui dit que ce pourrait être une secousse sismique qui aurait causé notre sortie de route, ce à quoi il répond en levant les yeux aux ciel : « On ne perd pas le contrôle de sa bagnole dans un tremblement de terre ! »

Ben si, quand c’est du 6 sur l’échelle de Richter.
PPFF, ça n’arrive jamais, ici !
Bref ! Nous repartons, plus doucement, et le bruit de la voiture bringuebalée sur les cailloux couvre à peine la voix du conducteur qui râle parce qu’on est en retard en plus d’être pauvres (ouais, la misère j’vous dis !). Arrivés chez nos amis, nous sommes accueillis par la jeune maman affolée, tenant son bébé très fort contre elle et nous demandant si nous avons senti le séisme. Mon mari réalise enfin que je ne suis pas aussi mal informée qu’il le pense et surtout, que sa voiture n’est peut-être pas si mauvaise que ça en fin de compte. Sur ce arrivent les autres invités de la réception, le pasteur tellement secoué qu’il n’arrive pas à sortir de sa voiture, les potes venant de Reykjavík qui ont vu la route s’affaisser, le frère rouleur de mécaniques qui dit que c’était un tremblement de terre de lopette et que vraiment il n’y a pas de quoi en faire une montagne. Bref, un film à la Lelouch où les conversations sont débridées, sans aucun sens et étant interrompues par les flashs info de la radio. À la fin du baptême, le chiffre tombe : 6.5 sur l’échelle de Richter, son épicentre à quelques kilomètres de Þykkvabær et mon mari se dit impressionné par l’excellente tenue de route de sa voiture . N’empêche que le même jour, ma copine qui à l’époque venait de débarquer en Islande et ne parlait pas un mot de la langue, avait elle suivi à la lettre les instructions que son mari lui avait donné en cas de tremblement de terre. Elle devait se mettre au milieu du salon afin de ne pas être blessée par les possibles projectiles. Par cette belle journée ensoleillée de juin 2000, mon amie était dans son jardin en train de bêcher. Le fameux séisme de 6.5 secoue toute la région sud du pays et elle, vaillante, se précipite dans sa maison, et se tient en bottes caoutchouc, bêche à la main au milieu de son petit salon à l’abri des éventuels projectiles.

Ben, oui, on est plus malin après ! En tout cas, maintenant vous savez ce qu’il faut faire et surtout ce qu’il ne faut pas faire. Et toc !

© Photos : http://www.almannavarnir.is

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Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

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