crise financière islande

Crise financière en Islande : désintoxiquez-vous !

Je viens de regarder un film. Il dure moins d’une heure. Reykjavík Rising est un documentaire anglo-islandais qui démarre avec le récit de la chute des banques en Islande et relate ce qui s’est passé dans les années qui ont suivi. 50 minutes à visionner pour découvrir enfin le cours réel des événements qui ont durement et durablement touché les contribuables et les citoyens de l’île.

La crise financière en Islande vue par d’autres…

Ce film est construit comme une succession d’interviews des personnes qui ont tenté de comprendre ce qui nous tombait dessus. Il y est question de la création de la nouvelle constitution, processus exemplaire de démocratie participative, et de sa mise au tombeau par le parlement, malgré un référendum largement en faveur de son adoption. Elle garantissait notamment l’égalité des voix, une voix par citoyen, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Elle prévoyait aussi que les ressources naturelles appartiennent aux Islandais. Ce qui ne l’est pas davantage, on le voit avec les projets de construction en cours et à venir.

crise financière en Islande

Parmi les intervenants de ce film remarquable, citons Birgitta Jónsdóttir, nouvelle venue au parlement, représentant le parti des Pirates et qui remporterait une large majorité pour gouverner si nous étions appeler à voter aujourd’hui. On entend aussi les explications de l’écrivain Andri Snær Magnason, présentant une initiative remarquable

Andri Snær Magnason
Andri Snær Magnason

d’un collectif de chauffeurs. Et puis il y a Jón Þórisson, de l’Institut Eva Joly, qui rend compte de la chronologie des faits étape par étape, pour conclure que la situation n’a jamais été aussi grave qu’à présent. Rappelons-le, suite à la chute des banques, Eva Joly avait dirigé la création d’un rapport de plusieurs milliers de pages sur la corruption en Islande et sur les mesures à prendre pour y remédier. Or ce rapport remarquable a connu le même sort que notre projet constitutionnel :  enseveli par les partis au service de groupes d’intérêts spécifiques.

Bref, ce documentaire est bouleversant et bien loin de l’intox réchauffée qu’on nous sert avec une récurrence et une opiniâtreté suspectes. La musique est magnifique, et les paysages islandais ne gâtent rien. À voir d’urgence. On en rediscutera après, voulez-vous ?

Icesave, l’autre source intarissable d’intox

Il y a quelques jours, nous avons appris que la dette Icesave avait été négociée. Pour mémoire, cette affaire porte sur les sommes placées par des citoyens britanniques et néerlandais dans une banque en ligne, Icesave donc, filiale de Landsbankinn, qui faisait miroiter des taux d’intérêts fort juteux à ces apprentis spéculateurs. Lesdites sommes s’étant évaporées lors de la chute des banques islandaises en 2008, les deux états en question frappaient à la porte en demandant des remboursements, sans résultat, et le gouvernement britannique avait été jusqu’à déclarer que les Islandais étaient des terroristes. On avait bien tenté, sans succès, de négocier cette dette des Islandais envers les ressortissants néerlandais et britanniques concernés, et l’objet de ces négociations avait par deux fois été soumis au référendum, suite au refus du président Ólafur Ragnar Grímsson de signer l’acte en question. Les fabricants d’intox avaient derechef présenté la chose comme le refus légitime de ces braves Islandais de porter la dette des banques. Or, la question du référendum portait en réalité sur le taux d’intérêt de la dette, le gouvernement s’étant engagé à la payer en cas de catastrophe. Rappelons au passage que nulle nation n’a apporté autant de soutien financier à ses banques que les Islandais, contrairement à ce qui est largement expliqué un peu partout par les pernicieux prophètes de l’intox.

Aujourd’hui, le remboursement de cette escroquerie est triomphalement présentée par notre Premier Ministre comme la victoire des Islandais sur les fâcheux Britanniques et Néerlandais. Il n’est en revanche plus question de consulter les contribuables, ni d’ailleurs qui que ce soit.

Comme par hasard, le même jour, nous avons aussi appris que Landsbankinn est à nouveau à vendre. La cession de l’ancienne banque devait servir à rembourser la dette Icesave. Enfin, on a découvert que les réserves de valeurs étrangères des Islandais ont diminué de 30 milliards de couronnes islandaises. Combien cela fait-il en euros ? Nul ne le sait avec certitude. Trois cours de la couronne sont utilisés en Islande, selon la tête du client. Et les restrictions liées aux valeurs étrangères, présentées à l’époque comme une mesure d’urgence, sont toujours en vigueur. Or, rappelons-le, le parlement a formellement demandé, le 7 novembre 2012, qu’une enquête soit menée sur la privatisation des banques dans les années 1998-2003. Ladite enquête est passée aux oubliettes, avec le rapport sur les causes de la chute des banques et le beau projet de constitution. On fait comme si rien ne s’était passé.

Comme on dit au casino : rien ne va plus.

À propos de Olof

BZH ~ IS

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