Footu !

Le samedi après midi – à 17h pour être précis – je joue au foot en salle. Il y a quinze jours, le lendemain de mon retour de Paris, je me suis rendu à KR, l’un des clubs de Reykjavik, pour reprendre mes séances hebdomadaires. Un mois que je n’avais pas frappé dans une balle.
Trop occupé à liquider les bulles dorées effectuant leurs va-et-vient verticaux dans les jolies coupes en cristal environnantes. Gavé du foie des charmants volatiles qui le furent avant moi. Ces agapes nordiques à tendance rabelaisienne gonflèrent ma panse, fragilisèrent mes jambes d’habitude si musclées et ramollirent mon cerveau, qui n’était déjà pas bien dur à l’ouvrage ces derniers temps.
KR ReykjavikLa reprise fut donc difficile. Et la perspective de courir après cette balle qui fusait d’une pointure 44 à une 46 et demi (n’oublions pas que j’évolue avec les géants islandais) ne m’emballa finalement qu’assez peu.
L’orgueil sans doute, stimula mes neurones avachis qui eux-mêmes réveillèrent la machine endormie. La plupart des mes organes réagirent avec une vive opposition à cette soudaine sollicitation. Mon crâne d’abord manifesta son désarroi, tels des voisins énervés. Des dizaines de petits moi assoupis se mirent à frapper à la porte de mes tempes, furieux d’avoir été ainsi sortis de leurs lits. Ma poitrine ensuite, se mut en clocher de village qui sonnait les douze coups de midi. Et puis, entre deux démarrages en trombe, j’expulsais les traces odorantes de mes récents festins par tous les orifices disponibles. Éructant souvent, canardant parfois mes condisciples du souffle détonnant d’un gaz aux relents de Donald Duck. Je me rassurai en pensant que ni les oreilles, ni le nez n’étaient conçus pour semblables délestages.
Pouêt je fis, poète devenu je suis !

Vers 17h22, l’un des membres jusqu’alors resté calme, exprima à son tour ses réticences. Tandis que je tentais un démarrage dans la surface de réparation, en accélérant violemment pour récupérer un ballon qui filait vers l’adversaire, mon genou gauche abdiqua.
Dans un tonitruant « clac-clac », il fut en vrac. Les genoux ne sont pas conçus pour se déboîter et se ré emboîter dans la foulée.
« Knee ! », « Knee ! », « Knee ! », m’écriais-je douloureusement, tels les drolatiques chevaliers des Monty Python. Footu Sacré graal que cette putain de balle inaccessible que j’avais convoitée comme d’autres leur « shrubbery » (sous titré jardinet dans le film).
Mon genou devient rapidement pamplemousse tout rose. Et je récupérai 2 jambes supplémentaires en aluminium pour porter les restes d’un corps défait.
Plus de foot avant longtemps.Morale de l’histoire : ni bon vous êtes, « knee » mauvais vous obtiendrez.

À propos de eric

Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

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6 comments

  1. moi je suis née dans KR, j’y fus inscrite avant d’avoir eu un nom… depuis, point de foot pour moi.
    Ólof

  2. une question me taraude: comment dit-on « genou » en islandais?
    🙂
    Ce n’est pas drôle quand même, quoique…
    Bon courage

  3. Aïe, j’hésite entre le rire et les larmes (ok, j’exagère un petit peu), quelle bonne façon de raconter l’aventure d’un pamplemousse 😉

    Soigne-toi bien!

  4. J’adore la référence aux Monty Python ,j’avoue que ça m’a fait rire alors qu’il est vrai, ce genou doit faire très mal ! Bon rétablissement 😉

  5. En guise de préambule
    Non de Zeus, je vais le louper !
    Fin juillet 99
    7h du matin, j’ai bossé toute la nuit et me réveille, affalé sur mon clavier.
    Je file prendre une douche, j’ai encore une petite heure pour rassembler mes affaires.
    Le projet est ambitieux … voir l’expo Rambrandt à Londres, prendre un vol pour Keflavick et revenir à temps pour l’éclipse du siècle !
    Pourquoi l’Islande ? me demande la jolie islandaise un peu éméchée, un verre de truc à la main, essayant de couvrir le son du groupe … (S. Rós ?)
    Je ne peux que répondre par des banalités.
    Mais au fond … quoi ? Un appel, depuis longtemps, il le fallait, un mystère, chépas !?!
    D’ailleurs tu as déjà fait un très bon post sur le sujet !
    Ça couvait sérieux depuis 96, vous savez cette éruption du Grímsvötn.
    Un client venait de nous installer internet pour échanger des données.
    Entre deux, je tapote iceland … islande …
    Pratiquement pas d’infos, sinon la promesse d’un forum (payant) sur le GDR qui n’a jamais vu le jour.
    Et puis un jour l’apparition d’une internaute, devenue amie fidèle.
    Elle venait de faire le tour de l’île, route n°1, m’envoyant ses précieuses indications (les guides de l’époque sont peu éloquents sur l’Islande et la retranscription des sagas de Régis Boyer ne m’ont pas beaucoup éclairé).
    Ce matin je tombe sur ton blog.
    Un peu moins de dix ans de retard, hélas, sinon je n’aurais pas recherché que le minéral.
    A refaire.
    Merci, pour tes témoignages.
    Très cordialement.

    jfgarde@mac.com

  6. Salut L’ami

    Je ne cocherai pas la case « amusant » pour commenter tes malheurs… (sympa non?)

    La référence aux Monty Python et au Sacré Graal m’a bien fait rire par contre.

    Pour faire du foot avec des Isalndais apres les fêtes il faut être un peu kamikaze non?

    J’espère que tu abandonneras tes pattes en alu le plus tôt possible!

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