Toucher terre

J’avais Sigur Ros dans les oreilles, ou peut-être Sin Fang, ou encore Soley, enfin, une des musiques de ce qui n’était encore qu’une terre de fantasmes. Un préambule sonore gentiment offert par la compagnie aérienne qui m’emmenait vers cette rencontre que j’attendais depuis des mois.

Et elle est apparue. La sombre Islande.

Et quand la musique rencontra la vision de ce décor dans lequel j’étais à présent invitée à jouer un rôle non encore écrit, je ne sais plus trop si ce qui vibrait dans ma tête venait de cette terre qui se déployait à l’horizon, si même ce son que je croyais vraiment familier avait déjà résonné quelque part ou s’il ne provenait pas plutôt, comme une injonction magique, de ce continent mystérieux que je m’apprêtais à toucher.

bout du monde

A ce moment là, ce qui se dessine sous vos pieds, ce n’est pas seulement ce genre de terre qui s’offre à votre envie de bouffer le monde; cette terre dont on emporte dans ses bagages des petits morceaux volés que l’on conservera telles des reliques; les souvenirs d’un bout du monde qui illumineront le quotidien de nos âmes nostalgiques. C’est plutôt le genre de terre qui vous prend tout et vous donne le vertige. Comme lors de ces premières rencontres où dès le premier regard on se sent mis à poil, à côté de ses pompes. On n’est plus celui qui conquiert le terrain mais celui qui est conquis.

C’est par ce même hublot, que les yeux pleins de brouillard salé, l’île s’éloignera sous vos pieds. Et vous saurez alors qu’en touchant à nouveau terre, vous aurez dans les tripes le poids de ceux qui n’ont pas seulement bien vécu, mais aussi sucé littéralement la moelle de la vie. La légèreté de ces moments volés vous rend libre, autant qu’esclave, parce qu’elle vous somme de revenir pour goûter à nouveau la sève de cet Éden du bout du monde.

À propos de Marie

Rat de bibliothèque, grignoteuse de tofu.

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2 comments

  1. On a tous des racines, de cette vie ou des précédentes déjà vécues. Tout à coup, un lieu, celui là et pas un autre, vous appelle, vous rappelle ….
    – l’Islande serait-elle un passage sur le chemin de nos vies ?
    Joli texte, bien Marie !

  2. Voilà écrites les émotions qui m’habitent. La première fois que je suis venue en Islande, j’ai pleuré en repartant. et la seconde fois aussi. Et j’aimerai tant que la troisième fois arrive bientôt. Que je retrouve la magie de cette rencontre, la féérie de cette terre et la douceur de sa lumière. Comme elles me manquent …
    Merci Marie pour ces jolis mots.

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