fantôme islande

Avent et ectoplasme !

Voici venu l’hiver, avec ses journées si courtes qu’on n’a plus envie de se lever. La lumière électrique reste allumée du matin au soir, et on attend le solstice d’hiver qui signale le retour du soleil, un pas de poule par jour, comme on dit, jusqu’à l’équinoxe, puis le merveilleux solstice d’été, avec son soleil de minuit. Oui, heureusement qu’il y a l’électricité…

Et nos ancêtres, comment s’en sortaient-ils ?

Pour la lumière, ils n’étaient pas gâtés : des bougies de suif, des lampes à huile de foie de poisson. Le faible éclairage des logis sentait fort. A la veillée, on tricotait tant bien que mal à l’aveuglette, ou on cardait la laine, tout en racontant des histoires à dormir debout, ou en récitant des rimes interminables. On tremblait de froid et puis de peur… car il y avait des forces bien mystérieuses qui vivaient dans l’obscurité. Il existe ainsi toute une tradition basée sur les rapports entre humains et êtres surnaturels. Faisons la connaissance de deux variétés d’êtres surnaturels.

Jetons d’abord un coup d’oeil sur le phénomène ættarfylgja, littéralement « ce qui accompagne la famille ».

Plusieurs familles ont effectivement leur propre et fidèle revenant, comme un blason venu de l’autre monde qui se transmet de génération en génération pendant quelques siècles. Car ce fantôme-ci s’use peu à peu. Ceux qui les voient disent que ce sont tout d’abord les pieds qui s’estompent petit à petit, viennent les jambes, puis le torse, et à la fin, il ne reste qu’un petit bout de tête qui finit par disparaître à son tour. C’est un processus apparemment naturel : les êtres éthérés s’évaporent progressivement. Pendant son séjour dans les dimensions cachées, le fantôme familier peut rendre des petits services à la famille qu’il suit. Il peut ainsi annoncer la venue de visiteurs par des signaux qui varient de l’un à l’autre, soit en faisant une brève apparition, soit en déplaçant un objet, soit en jetant une torpeur instantanée sur la personne dont il est le plus proche. Il peut aussi précéder cette personne quand elle se rend quelque part, afin que les maîtres du logis sachent que la venue du visiteur est imminente. En général, ce sont des apparitions plutôt bénéfiques. Il arrive qu’on leur donne un nom selon leur apparence. Du côté maternel, j’ai une connaissance de ce genre, un être aux épaules larges qui accompagne les descendants de quelque lointain ancêtre. Une présence rassurante selon tous les témoignages.

fantome en islande

Moins sympathiques, les revenants.

En islandais, un fantôme s’appelle draugur. Ce sont bien souvent des personnes qui viennent de trépasser de façon tragique, qui sont victimes d’une mort subite et violente, assassinées ou horriblement accidentés. Ceux-là peuvent se rendre visibles si ça leur chante. Ils peuvent parler, bien souvent en rimes et en répétant les deux dernières syllabes de chaque phrase, mais ne ils peuvent pas prononcer le mot , qu’ils remplacent par une syllabe anodine. Souvent, ils cherchent à se venger, ou à entraîner une proie innocente vers la tombe. Il existe de nombreux récits, contes et légendes sur les revenants. Un des plus célèbres est certainement le Diacre de la Rivière Noire, venu chercher sa fiancée .

Il était parti pour la rencontrer et pour fêter Noël avec elle, mais il était mort par accident en route.

Ses obsèques eurent lieu, mais la fiancée était restée sans nouvelles. L’ectoplasme se pointe, la belle le rejoint derrière lui sur son cheval, et voici qu’il se met à parler à la manière des revenants. C’est alors qu’elle voit la blessure mortelle sur la nuque du revenant, au moment précis où il s’apprêtait à l’entraîner dans sa tombe. Heureusement, la manche du manteau de la jeune fille était mal cousue. Le monstre n’a pu conserver qu’un modeste bout de tissu de sa promise et la jeune fille a pu rentrer chez elle, à moitié morte de peur. Le fantôme l’a harcelée de cauchemars et de manifestations deux semaines durant, puis un sorcier est venu pour mettre fin à ses sinistres agissements.

Tiens, Noël approche…

© Photo du fantôme – Galdrasyning

À propos de eric

Chroniqueur taquin en phase d'apprentissage.

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